Par Mohamed Douyeb
Jamais la presse professionnelle n’a été autant considérée comme un bien public par les citoyens. Quelle belle victoire face à la crise Covid ! Célébrée, ce 3 mai, la Journée mondiale de la liberté de la presse est une occasion inédite pour mettre en avant ce grand acquis. Et ce n’est pas un hasard, si l’Unesco a choisi le thème « L’information comme bien public » pour célébrer l’édition 2021 de cette Journée internationale.
Pour les journalistes, s’il y a une seule bonne nouvelle à retenir de la crise pandémique, c’est le regain de confiance des citoyens pour les médias rigoureux et exigeants. Les chiffres sont là pour le prouver. En 2020, les audiences de la presse marocaine (papier et électronique) ont doublé voire triplé. Cette tendance en dit long sur le niveau de maturité des citoyens face à l’explosion de la désinformation particulièrement sur les réseaux sociaux. Pour se rendre compte du phénomène du fake news, une étude du MIT relève que les fausses informations ont 70% plus de chances d’être partagées que les infos recoupées et vérifiées…
Cette réconciliation avec la presse est un capital fort à consolider. Les enjeux sont à la fois politique, éthique et économique. Une presse libre et indépendante témoigne de l’état de la démocratie d’un pays, de son pluralisme et de son ouverture. Une presse libre permet de gagner des points de croissance, comme le dit si bien la Banque mondiale. Un grand défi auquel fait face le corps médiatique est celui du renforcement de la déontologie professionnelle pour mieux informer, rassurer et fidéliser les citoyens. Le challenge économique est également de taille. Partout dans le monde, le Covid n’a fait qu’accélérer la crise structurelle des médias. La pandémie a eu un effet dévastateur ! Selon le Reuters Institute, 90% des médias ont accusé de fortes pertes de revenus estimées à 30 milliards de dollars. Aujourd’hui, il y a lieu de se renouveler et de dénicher de nouveaux leviers économiques face à la prédominance des plateformes numériques.
Plus que jamais… protéger la presse professionnelle et indépendante n’est plus un choix. C’est une condition nécessaire pour garantir l’accès à l’information, la bonne information, et la liberté d’informer. La responsabilité est collective à commencer par les citoyens. D’où la nécessité d’investir dans l’éducation aux médias dès le jeune âge pour valoriser le journalisme professionnel et développer l’esprit critique. Des citoyens bien informés et mieux éclairés sont mieux armés pour prendre les bonnes décisions et contribuer au développement de leur pays. Les pouvoirs publics ont rendez-vous avec l’histoire, celui d’instaurer un environnement plus favorable pour l’épanouissement d’une presse éthique et professionnelle au service des citoyens.