La Com’ d’après? Amine Bennis, Président Tribal DDB : «Les marques peuvent jouer un rôle important dans la résolution des tensions sociales nées de la crise Covid»

Le Media : Les leçons de la crise Covid ?

Durant cette période de grande incertitude, nous avons besoin de marques qui ont un grand capital de confiance. Sécurité oblige, j’ai besoin de manger un burger sans me poser des questions sur comment il a été fait, de faire mes courses sans être terrorisé par tous les produits que je touche et d’être rassuré que les infos ne sont pas des fake news. 2M n’était pas vraiment la marque la plus attractive du moment, mais durant cette période de pandémie, elle est perçue comme un repère stable et important pour la société. Son capital confiance s’est vu renforcé. C’est pareil pour McDo ou Marjane, des marques qui ont prouvé leur importance dans la société en temps de crise.

Les marques doivent prouver qu’elles disposent des compétences et de la réactivité nécessaires pour faire face à une telle situation. Les raisons pour lesquelles le gouvernement a été critiqué dernièrement sont les mêmes pour lesquelles, il a été salué au tout début de la crise. Les marocains ont besoin de repères, de stabilité, d’avoir confiance… Ce sont les mêmes attentes vis-à-vis des marques.

Les tendances…

La crise Covid n’a rien apporté de vraiment nouveau, elle a juste accéléré les tendances. Reste à savoir quelles sont les tendances qui vont durer. Si vous croyez que la société s’est fragmentée, pensez à un déjeuner où les gens sont autour de la table, mais où chacun est branché sur son téléphone. Si vous pensez au tout distanciel, rappelez-vous que Glovo et Jumia existaient avant. Ce que nous ne savons pas, c’est si nous allons revenir à la bonne vieille poignée de main et aux grandes accolades. A quel rythme allons revenir aux sorties régulières au restaurant ? Quel sera l’avenir du loisir collectif ? Cela ressemblera-t-il aux jeux vidéo où on joue ensemble tout en restant chacun chez soi ou plutôt comme un festival où on doit être côte à côte pour vibrer au son de la musique ?

Il va falloir aussi être attentif à la manière dont la culture va évoluer durant les prochains mois. Le poids des contraintes liées au confinement, aux autorisations de circuler, à l’école distancielle… va probablement générer une grande soif de liberté, une envie débordante de créer et de vivre intensément. La fermeture des frontières et la récession économique vont probablement entraîner une envie de consommer marocain. L’école à domicile a aussi généré beaucoup de tension au sein des foyers et on pourrait assister à une transformation rapide du rapport homme-femme, de la responsabilisation des enfants… Il y a donc de nombreuses tensions sociales. Les marques peuvent jouer un rôle important dans la résolution de ces tensions nées de la crise Covid. J’espère qu’elles auront l’envie et le courage de s’y investir.

La communication post-Covid

Pendant cette période, beaucoup de marques ont choisi de faire une communication Covid. Avec le recul, quelle marque a vraiment bénéficié de ce type de communication ? Probablement celles qui sont restées fidèles à leur identité originale. Celles qui ont cherché à faire un «coup» ou à saisir l’opportunité pour briller n’ont laissé aucune trace. Il est plus que jamais essentiel pour les marques de devenir «activistes» et de clarifier leur vraie raison d’être et de jouer un vrai rôle social. C’est ce que nous cherchons à faire avec les marques que nous gérons comme CIH Bank, Mio, Jamila, McDO… Les marques qui continueront à vivre tactiquement seront tuées par des marques inconnues qui sont livrées par Amazon et validées par les commentaires des internautes.

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